event 23 Mar 2022

Rapport // Évaluation et surveillance des paramètres d’érosion des sols dans le bassin transfrontalier du lac Kivu et de la rivière Ruzizi

Rapport Kivu FR

Résumé analytique

Dans le cadre du projet OT4Lac Kivu, les données d’observation de la terre sont utilisées pour évaluer la capacité à analyser le risque d’érosion du point de vue d’un satellite. Ce projet OT4Lac Kivu complète l’analyse réalisée dans le cadre de l’étude de base du bassin du lac Kivu et de la rivière Ruzizi (Sher Consult, 2020) ainsi que des simulations selon le modèle RUSLE réalisées en ce sens. Le travail scientifique du projet OT4Lac Kivu est divisé en quatre modules de travail (MT). Les MT1 et MT2 analysent deux paramètres : la dynamique de la végétation et les événements de précipitations extrêmes. Ces deux paramètres se combinent pour révéler un indicateur de risque d’érosion. Les résultats montrent que dans certaines régions la couverture végétale est faible de saison en saison, comme le montre un indice NDVI faible. Ce constat s’applique particulièrement aux champs agricoles et aux prairies, comme l’a identifié la comparaison du NDVI avec la carte de la couverture terrestre mondiale (WorldCover) de l’ESA. Une couverture végétale assez faible caractérise particulièrement la pleine de la Ruzizi et les pentes du sud des volcans au nord de la zone d’étude, là où se situent les principaux champs agricoles.

L’analyse des précipitations n’a pas permis de déterminer un seul mois ni aucune région de point chaud. Cependant, une augmentation du nombre d’événements extrêmes est détectée pour les mois d’avril ou de mai, d’août et de novembre ou décembre la plupart des années. Le rapprochement de la dynamique de la végétation avec les événements de précipitations extrêmes permet d’identifier le risque d’érosion pour chaque saison des années 2016 à 2020. Les Hotspots du risque d’érosion diffèrent d’année en année et de saison en saison. Néanmoins, certaines zones à haut risque ont pu être repérées : la plaine de la Ruzizi, zone située entre la ville de Goma et la région volcanique du nord, les agglomérations urbaines de Goma et de Bukavu et les prairies à l’est du lac Kivu. Une comparaison de l’analyse du risque d’érosion par satellite et des résultats de la simulation du modèle RUSLE montre que les deux approches aboutissent à des résultats similaires (bien que la localisation et l’étendue de certains Hotspots ne concordent pas tout à fait). Cela sous-entend que les deux approches sont exploitables de manière complémentaire.

Dans le cadre du MT 4, les données sur la turbidité du lac Kivu sont utilisées pour déterminer si un risque d’érosion entraîne une augmentation de la turbidité du lac due à un apport accru de sédiments. La comparaison quantitative du risque d’érosion et de la turbidité ne révèle pas de lien clair entre les deux paramètres. Ceci est probablement dû à la courte durée et à la faible étendue de l’augmentation de la turbidité suite à des événements d’érosion du sol. L’augmentation de la turbidité peut se manifester uniquement dans les deltas des rivières et ne pas affecter les eaux des lacs plus éloignés de la côte. Un examen plus approfondi des données sur la turbidité à proximité du littoral et dans une résolution temporelle plus élevée pourrait donner des résultats plus probants.

Le MT 5 analyse un autre paramètre du risque d’érosion : la croissance démographique. En s’appuyant sur le World Settlement Footprint, la croissance des deux agglomérations urbaines de Goma et Bukavu est analysée. La ville de Goma, en particulier, a connu une forte croissance entre 1995 et 2005. Quant à Bukavu, seule une croissance mineure a été enregistrée au cours des dernières décennies. Ceci est probablement dû au terrain accidenté autour de la ville qui ne permet pas une croissance intense en dehors des faubourgs de la ville. La croissance illustrée entre 1995 et 2015 par le World Settlement Footprint sert de paramètre d’entrée pour le modèle SLEUTH afin de simuler la croissance de ces deux agglomérations jusqu’en 2050. La croissance urbaine attendue ne montre qu’une faible augmentation dans la ville de Bukavu. Cependant, il est probable que ceci soit dû aux pentes raides autour de la ville. Pour Goma, une croissance plus forte est prévisible dans la zone urbaine, notamment le long du réseau routier du côté rwandais de l’agglomération. Dans l’ensemble, on peut s’attendre à une croissance des villes dans la zone d’étude, entraînant un accroissement démographique, une augmentation des surfaces asphaltées à l’origine d’un ruissellement de surface plus important des précipitations et d’une hausse de la demande de produits agricoles. Ces facteurs sont susceptibles d’accroître encore la pression sur les sols de la zone d’étude et de provoquer une érosion et une dégradation des sols plus intenses.

Le projet OT4Lac Kivu démontre comment exploiter les données du satellite pour identifier les Hotspots de l’érosion sur une vaste zone. Les résultats laissent penser que les sols de la région sont en danger. Les menaces se révèlent être des pratiques d’utilisation des terres/des pratiques agricoles inadaptées à l’origine d’une couverture végétale temporairement faible. Un accroissement démographique peut intensifier la pression sur les surfaces de sol disponibles. Cependant, l’analyse montre également à quel point des mesures efficaces de conservation de la nature peuvent atténuer l’érosion des sols. Les grandes zones protégées de la région présentent un risque d’érosion très faible tout au long de l’année en raison d’une couverture végétale dense toute l’année. Ce résultat a été démontré à la fois par l’analyse de télédétection et la simulation du modèle RUSLE.

Télécharger

Évaluation et surveillance des paramètres d’érosion des sols dans le bassin transfrontalier du lac Kivu et de la rivière Ruzizi

Stay up to date!

We inform you about current projects, events, actions, publications and news!